Non grata

Il ne faut pas grand-chose pour être différent des autres, et être exclu du groupe, de tous les groupes. Je l’ai expérimenté à mon désavantage : je ne veux pas dire de temps à autre,  mais en toute occasion.  Cette exclusion portait sur des points qui me paraissaient indifférents ou infimes, et il aurait sans doute été possible de les négocier au coup par coup. Mais leur combinaison s’est révélée invincible. Ne pas conduire de voiture, ne pas aimer le football, ne pas être fasciné, même négativement, par Adolf Hitler, détester la chaleur et les ambiances méridionales.  Oui, je crois que mon isolement n’a jamais porté que sur ces quatre points réunis. Que je sois écrivain, que je parle français dans des sociétés foncièrement patoisantes, que j’aie quinze centimètres de trop, n’arrangeait rien mais était de bien moindre conséquence. La voiture, le foot, Hitler, la chaleur. Tout s’est résumé, essentiellement, à cela. C’est bête. Moi qui me sentais si proche des humains.

 

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